@Abdelkader Naji
La Loire, le plus long fleuve de France, accuse des niveaux particulièrement bas pour la saison. Depuis 1992, ses niveaux n’ont jamais été aussi bas. En effet, la sécheresse ne touche pas que les régions du sud dont on entend beaucoup parler, l’Indre et Loire, est également touchée. La principale raison de cette sécheresse est l’absence historique de pluie pendant près de 32 jours. Pour anticiper l’aggravation de cette situation, le préfet d’Indre et Loire a déclenché la vigilance par un arrêté le 16 mars 2023, car le mois de février avait été marqué par un déficit de précipitation de près de 60%. Ces dernières allaient de 5 à 35 mm de pluie, pour une normale de 54 mm. Aujourd’hui, l’état hydrologique dans le département est stationnaire du fait les précipitations d’avril-mai, mais il pourrait redevenir critique puisqu’il ne pleut plus depuis.

Ces circonstances ne sont pas nouvelles. En Indre et Loire, des observatoires sécheresse ont été créés par le préfet et les services de la Direction Départementale des Territoires. Ce sont des espaces d’échange entre Météo France, des organismes de gestion de la biodiversité et les usagers de l’eau en particulier les agriculteurs. Depuis 30 ans, ils sont chargés de gérer les prélèvements et de répartir les ressources en eau en période de déficit. Les spécialistes du GIEC expliquent que la crise climatique a déjà un impact sur la disponibilité de l’eau. L’eau sera présente en trop grande quantité ou, à l’inverse, en trop petite quantité. Les saisons étant décalées, les pluies comme celles que nous avons observé début mai, arrivent trop tard : une grande partie de l’eau s’évapore ou est absorbée par la végétation, seule l’infime partie restante s’infiltre jusqu’aux nappes phréatiques.

D’après une étude de la chambre d’agriculture Centre Val de Loire, l’évapotranspiration (l’évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes) augmente de 20 mm d’eau par décennie soit 117 mm en 59 ans. Par conséquent, le réchauffement climatique va générer des conflits d’usage de l’eau similaire à ceux qui se créent autour des fameuses bassines, comme celle de Sainte-Soline. Ces gigantesques réservoirs d’eau sont accusés par les écologistes et autres défenseurs de l’environnement de privatiser une ressource commune au profit d’une agriculture intensive et productiviste. Un autre exemple, les feux de forêt tels que ceux de l’été 2022, deviendront de plus en plus fréquents, et laisseront démunis les pompiers qui ne trouveront plus l’eau nécessaire pour les combattre.

Ces événements témoignent d’une raréfaction inédite en France de cette ressource vitale. Pendant longtemps, les départements ont contrôlé les pénuries en autonomie. Le décret du 23 juin 2021 a donné au niveau national un nouveau cadre au dispositif de gestion de la sécheresse en France, en obligeant l’anticipation et l’harmonisation des mesures de restrictions des usages de l’eau. De plus, présenté le 30 mars 2023, le plan gouvernemental sur l’eau comprend une cinquantaine de mesures visant à la sobriété dans l’usage de cette ressource.

D’un autre côté, notre génération apprend au fur et à mesure à la préserver et à l’économiser. Les services publics, entre autre, modifient leur façon d’envisager le développement des territoires et commencent à promouvoir une “économie circulaire de l’eau” : utiliser les eaux qui ont été traitées dans les stations d’épuration pour l’arrosage ou peut être un jour produire de l’eau potable, recycler les eaux de pluie pour alimenter les chasses d’eau dans les maisons. Mais bien évidemment toutes ces innovations et ces efforts seront vains si on ne stoppe pas l’accélération du réchauffement climatique !

Sophie Castagnet