« Tout le monde emmerde le Front National » : à Tours, plusieurs milliers de personnes manifestent contre l’extrême droite
Ils étaient 3 500 (selon les organisateurs) réunis place Jean Jaurès pour crier leur rejet de l’extrême droite, à l’appel de plusieurs partis politiques, syndicats et organisation militantes locales. Durant deux heures, le cortège a défilé dans le calme et sans heurts, passant par la Porte de Loire et la Place Plumereau.
Ce jeudi 12 juin, ce sont les slogans scandés par les manifestants qui ont sonné les coups de 20h sur la place Jean Jaurès. Répondant à l’appel lancé par de nombreuses organisations militantes (parmi lesquelles les mouvements jeunes des partis du Front Populaire, Solidaires et le NPA), la foule a progressivement rempli le parvis de la mairie, au cri de « Macron dissout toi toi-même ! » ou « Bardella dans la Loire ! ». En quelques dizaines de minutes, une forêt de drapeaux et de pancartes se dressent au-dessus des têtes. « Je m’attendais à ce que la mobilisation soit forte vu l’ampleur du rejet » se réjouit Sabrina Hamadi, conseillère départementale EELV.
Dans la foule, les profils sont divers. Au-delà du noyau dur de militants réguliers d’organisations, beaucoup viennent ici entre amis ou en famille. « Il y a même des vieux » rigole Romane, une étudiante de 19 ans qui explique s’être mobilisée pour « défendre ses valeurs ». Les deux lignes de Tramway sont rapidement bloquées. « Et le Tram, il est à qui ? Il est à nous ! » chante gaiement la foule.
Ici, certains manifestent pour la première fois. « Face à la situation inédite, beaucoup de gens moins politisés ont réagi » explique Sabrina Hamadi. Même si la conscience de la montée de l’extrême droite est ancienne, la perspective de voir le Rassemblement National s’emparer de Matignon a constitué un puissant catalyseur. « A l’annonce des résultats et de la dissolution, j’ai ressenti du dégoût, de la honte pour mon pays » se souvient Jules, 21 ans. « Je ne pouvais pas rester sans rien faire » ajoute-t-il.
Pour d’autres, la première réaction a été la peur. A l’image de Ghjülia, secrétaire national de l’Organisation Solidarité Trans, les membres de minorités ethniques, sexuelles ou religieuses se sont sentis directement menacés. « Le RN au pouvoir, c’est la régression de tous nos droits » s’alarme Ghjülia, qui avoue avoir pleuré à l’annonce de la dissolution.
Mais malgré la gravité du contexte, l’ambiance est joyeuse. Les sourires sur les visages et les rires ne trompent pas. Les tambours, les chants et la musique diffusée dans des enceintes garantissent la bonne ambiance. Passé 20h30, un groupe s’engage sur la Rue Nationale, rapidement suivi par le reste des manifestants. Alors que les premiers fumigènes rouges sont craqués, la foule se met à scander unanimement « Siamo tutti antifascisti » (slogan antifasciste italien). Finalement, après une heure et demie de marche, de la Porte de Loire, aux Halles, en passant par la place du Monstre, et la place Plumereau, les manifestants se dispersent dans le calme, place Jean Jaurès aux alentours de 22h.
Vincent Amar