Affluence record pour la 18e édition de la Marche des Fiertés de Tours

Ce samedi 15 juin, les sympathisants de la cause LGBT+ défilaient pour « prouver au monde leur existence » et défendre leurs droits. Pendant plusieurs heures, 5000 personnes ont marché, chanté et dansé malgré la pluie. 
Le premier char de la Marche des Fiertés en tête de cortège ©Vincent Amar pour Médiatours
Le premier char de la Marche des Fiertés en tête de cortège ©Vincent Amar pour Médiatours

Une cinquantaine de personnes sont réunies sur le parvis de la cathédrale Saint-Gatien de Tours. Certains portent d’élégants costumes de ville, d’autres un uniforme militaire. Tous et toutes attendent la sortie des deux mariés (hétérosexuels) du jour. Sauf qu’à quelques dizaines de mètres de là, la tête de cortège de la Marche des Fiertés fait son apparition. « Faites un maximum de bruit pour les mariés » lance, un groupe de Drag Queen au moment où leur char passe en face de la cathédrale, provoquant des cris de joie et les regards surpris et gênés des mariés. 

Il faut dire que la marche des fiertés de Tours a gagné en popularité d’années en années. Jérome, ancien membre de la Maison des Homosexuels de Tours, qui avait participé à la première Gay Pride de la ville, se réjouit : « je pense que c’est l’année où nous sommes le plus nombreux ». Le cortège, long de plusieurs centaines de mètres, est dense. Au fil de son avancée, de nouvelles personnes affluent des rues adjacentes. Rapidement, il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin.

La Marche des Fiertés devant la cathédrale Cathédrale Saint-Gatien ©Vincent Amar pour Médiatours
La Marche des Fiertés devant la cathédrale Saint-Gatien ©Vincent Amar pour Médiatours

Costumes, drapeaux et paillettes

« On est ici pour crier au monde qu’on existe » revendique Lola, paillettes multicolores autour des yeux, qui participe à sa quatrième Pride. « Mais on vient aussi faire la fête, c’est 50-50 » ajoute-t-elle immédiatement. Durant l’ensemble de la marche, la musique retentit depuis les chars des différentes organisations. Des centaines de danseurs sautent au rythme de la techno.

Dans les rangs du cortège, les jeunes sont massivement présents. Certains ont fait un maquillage multicolore pour l’occasion ou ont revêtu un costume de drag. « Ça me permet d’exprimer qui je suis. Je me sens moi-même grâce à ces tenues plus extravagantes » explique Sacha qui porte un costume de drag pour la première fois. D’autres brandissent des drapeaux LGBT ou des pancartes : « love has no gender » ou « fatigay des homophobes ». 

Cependant, les casquettes arc-en-ciel recouvrent également parfois des cheveux blancs. « Il y a des gens de toutes les générations » se réjouit Eye, drapeau multicolore enroulé autour du cou. « C’est un beau contrepied à ceux qui disent qu’on est seulement une mode récente » A l’arrivée du cortège, des personnes âgées et des familles se portent aux fenêtres pour témoigner leur soutien et sont systématiquement applaudis par la foule. Au bout de quelques minutes la pluie tombe. Les parapluies (multicolores bien sûr) remplacent les pancartes en cartons désormais trempées.

Aux portes et aux fenêtres les habitants témoignent leur soutient au cortège
Aux portes et aux fenêtres les habitants témoignent leur soutient au cortège ©Vincent Amar pour Médiatours

« C’est ma safe place »

Malgré tout, à Tours, ville à forte implantation catholique, l’acceptation de la communauté LGBTQIA+ n’est pas sans heurts. L’année dernière, un activiste catholique de 17 ans avait attaqué 6 fois le centre LGBT. En amont de la Pride une vingtaine de membres du collectif anti LGBTQIA+ « Des Tours et des Lys » se sont réunis sur la place Jean Jaurès. Dans le cortège, les récent résultats du RN sont sur toutes les lèvres. « On a peur, ce sont des gens qui souhaitent que l’on n’existe plus » s’alarme Eye. 

La menace est d’autant plus tangible que pour beaucoup, elle fait remonter le souvenir d’expériences vécues. « J’étais dans une école privée catho. Juste tenir la main de ma copine, ça me valait des remarques, parfois des violences » se rappelle Kelly qui avait dû changer de lycée. Face à cette peur, certains sont donc contraints de se cacher. « Moi, je n’ai pas osé faire mon coming out. J’ai peur du regard que l’on porterait sur moi » avoue Max. Pour eux, la Marche des Fiertés constitue donc un espace de tolérance à part. « C’est ma safe place une fois par an » conclut Max.


Vincent Amar